Caisse primaire d’assurance maladie: «On va complètement détruire le lien humain»

28 mai 2019 | Ecrit par Patrice MARCHAND

Caisse primaire d’assurance maladie: «On va complètement détruire le lien humain»

Les syndicats CGT et FO appellent les salariés de la CPAM de l’Aube à se mettre en grève vendredi.

Des difficultés pour obtenir vos remboursements de soins ? Des indemnités journalières qui se font attendre ? Et un temps d’attente excessivement long lorsqu’on se présente à l’accueil ? Pas de doute, vous êtes bien à la Sécu et cette situation intenable pour les assurés l’est tout autant pour les salariés. C’est pour protester contre ce qu’ils estiment être la poursuite de la casse du service public qu’ils se mettront en grève, vendredi, en signe de protestation, à l’appel des syndicats FO et CGT.

« On ne produit pas des conserves de coulis de tomate ! On parle de la santé des gens, de leurs aides sociales ! »

Dans leur viseur ? Les retards accumulés, source de nombreuses tensions. « En cinq ans, on a perdu 47 ETP (équivalent temps plein) sur la caisse auboise. Nous ne sommes plus que 230 contre 350, il y a dix ans, et 425 dans les années 90. Pourtant, la charge de travail a augmenté puisque nous avons récupéré la Sécurité sociale étudiante (MGEL) et le RSI des indépendants », expliquent les représentants du personnel qui alertent depuis des semaines la direction, en vain. « On a l’impression qu’on va transformer la Sécu en une entreprise du CAC 40, au détriment de la mission de service public. Tout est tourné vers une vision de plus en plus mercantile, comme on l’a fait pour EDF, La Poste ou France Télécom. On a vu le résultat ! »

Salariés de droit privé

Car, contrairement aux idées reçues, les salariés de la CPAM ne sont pas des fonctionnaires ni même des contractuels de droit public mais bien des salariés de droit privé (convention collective des organismes de Sécurité sociale). La CNAM et ses branches locales (les CPAM) exercent une délégation de service public.

Or, pour les représentants du personnel, c’est bien cette mission qui risque de disparaître. « On voit bien que la volonté est de tout dématérialiser, tout faire par Internet. On va complètement détruire le lien humain et social. Mais une machine ne remplacera jamais un être humain. On ne produit pas des conserves de coulis de tomate ! On parle de la santé des gens, de leurs aides sociales, de leur revenu de remplacement en cas de problème. Vers quelle société veut-on aller ? », s’insurgent encore les salariés qui aimeraient aussi se débarrasser de leur image de « fonctionnaires nantis » : « On débute au SMIC et, selon la grille d’indice, on gagne 10 € net par an avec un plafond maximum de 25 ans. Soit 250 € d’augmentation de salaire sur 25 ans. On a vu mieux ! », poursuivent les représentants syndicaux.

Les salariés seront en grève vendredi, soit la journée, soit une demi-journée, soit 55 minutes. « Pourquoi vendredi ? Pas pour faire le pont, parce que perdre une journée de salaire quand on gagne 1 200 €… Mais comme ça, la caisse auboise sera fermée quatre jours et ça ne va pas plaire à la CNAM. Mais enfin, peut-être que grâce à cela, on pourra enfin dialoguer avec notre direction. »

 

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