Source Politis, cet article est mis en terme de débat et n’engage que les auteurs (extrait)

Il apparaît désormais nettement que ce sont les 7 à 10 milliards de cadeaux fiscaux faits aux riches depuis un an que la majorité des citoyens est désormais sommée de financer.

Il en est, à droite – Laurent Wauquiez en tête –, dont on peut comprendre le malaise à l’égard de la doctrine (anti)sociale et de la politique économique du gouvernement. Et pour cause : ils conduiraient la même. Tous les ingrédients y sont : politique de l’offre au détriment des salariés (le CICE du précédent quinquennat est d’ailleurs maintenu), mésestime des fonctionnaires, mépris des pauvres, fiscalité favorable aux grandes fortunes. D’ailleurs, les premiers fonctionnaires visés par la purge annoncée sont les agents de l’administration fiscale, ceux-là mêmes qui ont pour mission, notamment, de lutter contre la fraude et l’évasion fiscales (estimées entre 60 et 80 milliards d’euros par an).

Chacun a compris qu’en « augmentant peu » les pensions de retraite, le gouvernement a en réalité choisi de faire perdre beaucoup aux retraités. La mathématique est simple : en ne les revalorisant que de 0,3 % quand l’inflation est de 2,3 %, la perte est de 2 %, à laquelle il faut ajouter la hausse de la CSG. Il apparaît désormais nettement que ce sont les 7 à 10 milliards de cadeaux fiscaux faits aux riches depuis un an que la majorité des citoyens est désormais sommée de financer. La baisse des prévisions de croissance invoquée par le gouvernement n’est dans cette affaire qu’un prétexte, d’autant qu’il y a quelques causes à chercher d’abord dans ses choix économiques et fiscaux pour expliquer ce ralentissement général et cette baisse des ressources fiscales. Au demeurant, il y a quelque chose de scandaleux à faire des retraites une variable d’ajustement comptable, alors que cet argent n’appartient pas au gouvernement mais aux anciens actifs ; c’est même une partie substantielle de leur salaire, ce que les fondateurs de la Sécurité sociale avaient appelé le salaire différé. En affirmant, comme d’autres avant, vouloir « revaloriser le travail », le gouvernement fait exactement le contraire en dévalorisant la valeur de ce qui avait été pourtant dûment gagné par les salariés. On n’est pas loin du vol.

Toujours dans les pas de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron renoue également avec l’adage « travailler plus pour gagner [à peine] plus », en exonérant de cotisations sociales les heures supplémentaires, ce qui va surtout inciter les entreprises aux carnets de commandes bien remplis de tourner le dos à l’embauche, pour préférer l’augmentation des heures travaillées… à effectifs constants. Une augmentation de la charge de travail et des conséquences en matière de bien-être, pour un gain estimé à environ… 83 euros par an par ménage.

Plus soucieux de faire des économies que de relever les défis nouveaux de la santé au travail, Édouard Philippe a osé le pire des cynismes à propos des arrêts-maladies. Constatant l’augmentation de 11 à 12 le nombre de journées indemnisées, il a renoncé à en faire payer directement une partie par les employeurs et a déclaré, toute honte bue : « C’est comme si on avait instauré un jour de congé supplémentaire. » Il faudra désormais s’excuser d’être malade. Le Medef apprécie déjà.

On a au moins enfin compris ce qu’« en même temps » voulait dire : c’est beaucoup pour les riches et, en même temps, très peu pour les autres.

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