A la CGT, le sujet était sur le bout des lèvres depuis quelques semaines. Jeudi, la centrale s’est finalement décidée : pour «répondre à l’urgence sociale», elle appelle à la grève le 5 février. Et, cette fois-ci, tout le monde – «les salarié·e·s, les agent·e·s, les jeunes comme les retraité·e·s, les privé·e·s d’emploi» – est convié à se mobiliser pour réclamer «une augmentation du smic, du point d’indice, de tous les salaires et pensions ainsi que des minimas sociaux». Mais aussi, pêle-mêle, pour demander une réforme de la fiscalité, le développement des services publics, «partout sur le territoire», le respect des libertés publiques tel que le droit de manifester, mais aussi la suppression des aides publiques aux entreprises.

«Depuis de nombreuses années, les politiques menées au service du capital par les gouvernements successifs génèrent de fortes injustices sociales, territoriales et fiscales», explique la CGT dans un communiqué. Autant de sujets pour lesquels, elle «n’a cessé d’alerter les pouvoirs publics», dit-elle. Comprendre : bien avant le mouvement des gilets jaunes qui occupent le terrain social depuis quelques mois. Quant aux «mesurettes récentes annoncées par le gouvernement» en réponse au mouvement de ceux qui occupent les ronds-points, elles ne «répondent pas aux urgences sociales». D’où la nécessité, conclut la CGT, au-delà du mouvement citoyens, de «construire un rapport de force». En passant donc par la grève, «un des moyens universels, quand on veut être efficace», expliquait Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, dans une récente interview à Libération.

Propre calendrier

Depuis le début du mouvement des gilets jaunes, les liens avec les cégétistes se tissent timidement, et restent souvent cantonnés à l’échelle locale. Dans certaines villes, des défilés communs ont ainsi été organisés. Mais la centrale, elle, reste hésitante, pointant la présence de militants d’extrême droite dans les rangs des gilets jaunes. «Ce mouvement qui permet de retrouver de l’action collective a évolué dans le bon sens», tempère toutefois Philippe Martinez, invitant, «partout où c’est possible, à faire des actions avec eux, dans la limite des revendications syndicales».

Contrairement à l’union syndicale Solidaires qui a appelé, le 12 janvier, à manifester avec les gilets jaunes, la CGT a donc décidé d’imposer son propre calendrier, avec une journée d’action un mardi. «Se mobiliser le samedi, c’est bien, mais se mobiliser en semaine c’est mieux», tranche le secrétaire général de la CGT. Le symbole de la lutte de classe, je ne crois pas que ce soit d’occuper des ronds-points, mais plutôt d’occuper des entreprises.» Avec un gilet rouge.

Amandine Cailhol